
Roche brune
« Ce qui parût d’abord être une fable, […] par la suite, s’est trouvé véritable »*.
Dans les débuts du XIXe siècle, on commence à admettre que des pierres en provenance de l’espace, tombent parfois sur la Terre, mais on n’en est pas certain. C’est l’astronome et physicien Jean-Baptiste Biot qui conclura brillamment que des objets nous proviennent bel et bien de l’espace, à la suite d’une enquête sur la chute de la météorite de l’Aigle** dans l’Orne, en 1803.
Quatre années plus tôt, « le 29 septembre 1799, vers trois heures du soir, un ouvrier qui battait du grain dans l’aire de la métairie du Pin, commune de Saint-Ouen-en-Champagne, vit tomber à ses pieds, après un violent coup de tonnerre, une pierre qu’il ne put ramasser immédiatement à cause de sa chaleur ; cette pierre, qui pesait 9 livres 7 onces, fut divisée et les morceaux distribués »***.
La météorite de Saint-Ouen, actuellement conservée au Musée Vert du Mans, ouvre la série « Roche brune », un travail photographique sur la richesse paysagère et géologique de la Sarthe. Menée cette année à l’occasion d’une résidence de recherche et de création dans le cadre des Photographiques au Mans, la série installe l’histoire dans le paysage. Réalisé à la chambre photographique, Roche brune est un conte mystérieux, avec une nature intemporelle comme toile de fond.
Dans ses travaux, Cécile Genest raconte l’histoire du vivant par le paysage, ses strates, son passé enfoui et son présent sauvage. Durant ces six semaines de résidence, elle s’intéresse aux milieux naturels sarthois et à la formation de ce territoire situé à la frontière de deux entités géologiques : le massif armoricain et le bassin parisien.
Onirisme et réalisme s’entremêlent à travers une dizaine de sites photographiés, allant des espaces naturels sensibles du parc national Normandie-Maine aux bocages sarthois, des paysages de pierriers des Alpes Mancelles au bois de Changé. C’est aussi au lieu-dit même du Pin où la pierre chaude est tombée qu’elle construit une partie de son récit.
Entre des photographies couleur grand format et celles en noir et blanc de dioramas du Muséum à la gomme bichromatée, Roche brune donne à voir la genèse des paysages sarthois, sur fond de mystère attaché à ce que l’on nommait jadis la pierre de foudre.




Roche brune, Résidence de recherche et de création 2024, Centre Paul Courboulay, Le Mans

Roche brune, Résidence de recherche et de création 2024, Espace éphémère, Les Jacobins, Le Mans

Roche brune, avril 2024, Espace éphémère, Les Jacobins, Le Mans

Roche brune, Espace éphémère, Les Jacobins, Le Mans
